Le laurier dans l'Antiquité

Laurus nobilis, aquarelle de Camille.
Qu'en pense l'homme de science ? Texte de Pline, Histoire naturelle, XV, 39, 1.
Duo ejus genera tradidit Cato, Delphicam et Cypriam. Pompeius Lenaeus adjecit quam mustacem appellavit, quoniam mustaceis subiceretur : hanc esse folio maximo flaccidoque et albicante ; Delphicam aequali colore viridiorem, maximis bacis atque e viridi rubentibus ac victores Delphis coronare ut triumphantes Romae ; Cypriam esse folio brevi, nigro, per margines imbricato crispam.
Postea accessere genera : tinus — hanc silvestrem laurum aliqui intellegunt, nonnulli sui generis arborem — differt colore ; est enim caerulea baca.
Aide à la traduction
Maëlle et Emil ont traduit le texte de Pline.
Camille et Gabriel ont commenté le texte de Pline.
Cet extrait tiré de l’œuvre de Pline est un texte documentaire sur le laurier. L'auteur nous explique quelles sont les différentes espèces qui existent dans le monde et quelles sont leurs caractéristiques. Pline nous montre aussi quelles utilisations on peut faire de ces différentes variétés, avec par exemple les lauriers de Chypre et celui de Delphes.
Par ailleurs, il nous parle d’une recette de gâteau mystérieux au laurier : le mustaceum. C’est un gâteau traditionnel avec du laurier et du vin doux offert aux convives à leur départ. On peut en déduire qu'il avait sans doute une fonction religieuse.
Pline, pour écrire ce texte, s’est inspiré vraisemblablement de plusieurs ouvrages et il a fait une synthèse de toutes ces connaissances pour mettre à la portée de son lecteur ce qu'il faut savoir sur le laurier.
Et le poète, qu'en pense-t-il ? Ovide, Métamorphoses, I, 525-567, le mythe de Daphné.
Anna et Nora ont commenté le texte d'Ovide.
Dans Le Mythe de Daphné, Ovide écrit le récit d’une agression, d’une tentative de viol. Il décide de raconter ce mythe afin d’expliquer un des symboles d’Apollon : le laurier. Récit débuté par une histoire de vengeance entre deux dieux, Cupidon et Apollon, une seule en paie les conséquences : la nymphe Daphné. En effet, ce texte présente un vocabulaire brutal : « violente », « mordre », « poursuit ». Ensuite, le sentiment prédominant de la nymphe est la peur : « crainte », « fuite ». De plus, l’auteur établit une métaphore animale, Daphné est comparée à la proie, et Apollon au prédateur. On dirait aujourd'hui qu'il est un prédateur sexuel : son but est de violer la nymphe qui essaie de fuir. En voulant lui échapper, elle demande à la terre de la sauver : « terre, ouvre-moi ton sein, ou détruis cette beauté qui me devient si funeste ». Elle préfère mourir ou perdre sa beauté plutôt que de céder.
Daphné a été poursuivie, elle a échappé au viol mais pourtant punie et transformée en laurier pour avoir refusé l’amour. Cela interpelle le lecteur sur la façon dont les femmes étaient considérées durant l’Antiquité.
Mais, même sous cette apparence, Apollon ne cesse d’aimer Daphné. Il fait du laurier un de ses symboles, la nymphe est donc en quelque sorte prisonnière du dieu et est obligée de rester à ses côtés pour toujours. Même si elle ne peu plus être violée, Apollon continue d’embrasser ses « feuilles ». Parmi toutes les variétés d’arbres existant, le laurier a été choisi car ses feuilles restent toute l’année vertes, symbole d’immortalité (parallélisme avec Apollon qui ne vieillit pas). Ce texte porte une valeur didactique, informant au moyen d'une fable le lecteur de l'origine du laurier.
Pour aller plus loin :
Louise et Oriane nous parlent de la statue du Bernin, Apollon et Daphné.

Cette statue a été réalisée en 1622 par l‘artiste baroque, Le Bernin. Elle est entièrement en marbre de Carrare, et elle mesure 243 cm. Elle se trouve à la galerie Borghèse à Rome.
Elle a été commandée par le cardinal Scipione Caffarelli Borghèse, mécéne de l’artiste pour décorer sa villa.
Cette statue représente le moment le plus important dans l’histoire d’Apollon et Daphné dans Les Métamorphoses d’Ovide.
Apollon et Cupidon se sont disputés, Apollon se vantant d’avoir les meilleurs pouvoirs, et Cupidon se vexe. Pour se venger, Cupidon tire une flèche sur Apollon, ce qui le rend éperdument amoureux de Daphné. Cependant, Cupidon tire aussi une flèche sur Daphné, ce qui lui inspire du dégoût pour lui. Apollon est pris de désir pour elle. Daphné s’enfuit mais Apollon la suit. Pour lui échapper, Daphné implore son père de la sauver. Pénée change donc sa fille en laurier. Apollon toujours sous le charme de Daphné décide que le Laurier sera son symbole, en mémoire de «son premier amour».
La statue représente exactement le moment de la transformation de Daphné en Laurier. Daphné se situe à droite de la statue et Apollon à sa gauche. On peut voir sur le visage de Daphné une expression de peur, on peut également se rendre compte que les pieds et les bouts des cheveux de Daphné se transforment en feuilles et branches de laurier.
Et Mathieu a fait quelques recherches sur le laurier dans la Rome antique :
Quand on parle de la Rome antique, la première plante qui nous vient en tête est le laurier parce que l’on voit souvent des représentations d'empereur avec une couronne de laurier. Mais quelle est la signification de cette plante ?
Le laurier, bien que possédant des valeurs culinaires et médicinales, était vu comme le symbole de la victoire, de la distinction, de l’excellence (ce qui a aujourd’hui donner son nom au baccalauréat), et de l’immortalité. La raison de ce rapprochement est son lien avec le dieu Apollon : il garde ses feuilles vertes toute l'année et donne ainsi l'impression que le temps n'a pas de prise sur lui. De même Apollon ne vieillit pas. Le laurier symbolise l’immortalité dce celui qui a remporté une victoire qui l’ancrera dans l’histoire. Et on le voit apparaître sur la tête des empereurs.