Caton : multiplier les arbres.


Fresque murale, « scène campagnarde », Trêves, Palastgarten, IIe siècle de l'ère chrétienne.

Texte de Caton, De Re rustica, XXXIII, "Comment multiplier toutes les sortes d'arbres ?"

Le De Re rustica est un recueil de textes sur l'agriculture écrits par plusieurs auteurs, notamment Caton l'Ancien, Varron ou encore Columelle. L'objectif de Caton est d'expliquer à son lecteur comment gérer au mieux une exploitation agricole. Il évoque aussi bien la construction des bâtiments techniques (étables, pressoir...) que l'entretien du bétail, le rôle de chacun et la production agricole. Ici, il montre comment on peut multiplier les arbres.

Ficum, oleam, malum Punicum, mala struthea, cotonea, aliaque mala omnia, laurum Cypriam, Delphicam, prunum, myrtum conjugulum et myrtum album et nigrum, nuces Avellanas, Praenestinas, platanum haec omnia genera a capitibus propagari eximique ad hunc modum oportebit. Quae diligentius seri voles, in calicibus seri oportet. In arboribus radices uti capiant, calicem pertusum sumito tibi aut, quasillum, per eum ramulum transerito, eum quasillum terra impleto calcatoque, in arbore relinquito. Ubi biennium erit, ramum tenerum infra praecidito, cum quasillo serito. Eo modo quod vis genus arborum facere poteris uti radices bene habeant.

Aide à la traduction

Alix a repéré les mots des deuxième et troisième déclinaisons dans le texte de Caton. Son travail est ici.

Anna et Arthur V. ont traduit le début du texte de Pline.

Oportebit
eximi a capitibus
-que propagari
ad hunc modum
haec omnia genera
ficum oleam
malum Punicum
mala struthea
cotonea
aliaque mala omnia
laurum cypriam Delphicam
prunum
myrtum conjugulum
et myrtum album et nigrum
nuces Avellanas
Praestinas
platanum
Quae voles seri
diligentius
oportet seri
in calibus
Il faudra
que soit retiré de la souche principale
et que soit propagé
de cette manière
toutes ces sortes [d’arbres] :
figuier, olivier,
grenadier,
coing,
cognassier,
tous les pommiers,
le laurier de Chypre, de Delphe,
le prunier,
le myrte de mariage,
et le myrte blanc et le noir,
le noisetier,
les [noix] de Préneste,
le platane.
Et ce que tu voudras planter
très soigneusement,
il faut [le] planter
dans des pots de terre.

Antoine a pris la suite.

Radices uti capiant
in arboribus
sumito tibi
calicem pertusum
aut quasillum
per eum
transerito ramulum
impleto
eum quasillum
terra
-que calcato
relinquito in arbore
ubi
biennum erit
praecidito
ramum tenerum infra
serito
cum quasillo
eo modo
poteris
facere uti
genus arborum
quod vis
habeant
bene radices
Pour que les racines prennent
dans les arbres,
prends
un pot troué
ou un petit panier.
À travers celui-ci,
fais passer une petite branche.
Remplis
ce petit panier
de terre
et tasse-la
et laisse-le dans l’arbre.
Quand
un espace de 2 ans sera fini,
il faudra couper
la branche tendre au dessus.
Plante-la
avec le panier.
De cette façon,
tu pourras
faire en sorte que
les genres d'arbres
que tu veux
auront
de bonnes racines.

Édouard et Arthur D. ont commenté le texte de Caton.

Tout d’abord, l’œuvre de Caton se veut didactique. En effet, il s’agit avant tout d’un traité d’agriculture qui évoque des notions techniques. Les Romains sont avant tout des agriculteurs, des hommes de la terre, ce qui les met en opposition avec les Grecs qui eux, étaient des marins, des hommes de la mer. C’est pourquoi les Romains possédaient beaucoup de divinités agricoles, telle Cérès, la déesse de l'agriculture, des moissons et de la fertilité. Effectivement, l’agriculture représente les valeurs traditionnelles et conservatrices de l’Empire romain. Par ailleurs, Caton nous transmet également ses compétences d’auteur et de spécialiste. En effet, il emploie un vocabulaire précis, à l’instar des différents noms d’arbres. Il évoque aussi des actions précises à réaliser dans un ordre précis. C’est pourquoi, il emploie l’impératif futur, équivalent à l’impératif en français, à valeur d’exhortation. Il termine son propos par un futur (poteris) à valeur de certitude, ce qui garantit la réussite de sa méthode. Enfin, le texte de Caton a également une valeur documentaire. En effet, il nous apprend les différentes espèces végétales connues et utilisées dans l’Antiquité. On peut les regrouper en trois groupes distincts : les fruits, eux-mêmes divisés en 2 catégories, les pommes (mala) et les noix ; les plantes aromatiques avec le laurier et le myrte utilisés pour la confection de parfums, l’alimentation et le culte des dieux, à l’image du myrte, plante de Vénus ; et enfin les plantes cultivées pour leur bois tel que le platane qui sert pour la fabrication d’objets. Ainsi, on peut dire qu’il y avait déjà beaucoup d’espèces végétales répertoriées à l’époque de Caton (234-149 av. J-C).

Peut-on mettre en pratique des conseils de Caton ? Cédric nous en parle ici.


L'expérience de Caton avec un camélia.